Sexualité
14.08.2025

Pourquoi on ne fait pas tous l’amour pour les mêmes raisons

Derrière le désir, il y a souvent un besoin relationnel, identitaire ou sensoriel. Découvrez pourquoi nous n’avons pas tous la même façon d’être sexuel.

Pourquoi on ne fait pas tous l’amour pour les mêmes raisons

Quand le désir ne dit pas la même chose pour chacun

Pourquoi certaines personnes vivent la sexualité comme un moment de connexion profonde, alors que d’autres y voient surtout une façon de se sentir désirables… ou simplement vivants ?
Pourquoi un partenaire peut être bouleversé par une baisse de désir, alors que l’autre n’y voit rien de personnel ?

La réponse ne réside pas uniquement dans le taux d’hormones ou la fréquence des rapports, mais dans la signification profonde que chacun donne à la sexualité.
Et cette signification varie selon notre histoire, nos besoins psychologiques et nos façons d’être en relation.

Dans cet article, je vous propose une grille de lecture simple, mais éclairante pour comprendre trois “directions” principales du désir sexuel : relationnelle, identitaire et corporelle. On abordera aussi une forme d’inflexion plus anxieuse ou évitante, qui peut parfois brouiller les cartes.

La direction relationnelle : se sentir proche, aimé·e, connecté·e

Certaines personnes vivent la sexualité avant tout comme une expérience de lien. Faire l’amour, c’est se sentir collé·e à l’autre, dans le sens émotionnel du terme.
Ce type de profil ne sépare pas sexualité et amour : sans affection, sans tendresse, le désir s’éteint.

Pour ces personnes, des conflits dans le couple ou une distance affective peuvent impacter directement leur appétit sexuel. Et inversement, des difficultés sexuelles sont souvent vécues comme une menace pour la sécurité du lien.

La sexualité est alors une sorte de thermomètre de la relation.
Il peut y avoir beaucoup de désir en début de relation, porté par le besoin de fusion. Mais paradoxalement, ce désir peut diminuer une fois que le lien est perçu comme acquis. Et parfois, il ne se réactive que dans des contextes de perte potentielle, comme une dispute ou un sentiment de jalousie.

Ce n’est pas un caprice, c’est un langage. Le corps dit : « J’ai besoin de me sentir proche de toi pour avoir envie ».

La direction identitaire : se sentir désiré·e, valable, digne d’amour

D’autres personnes investissent la sexualité comme un moyen de se sentir reconnu·e, apprécié·e, valorisé·e. Ici, le désir de l’autre agit comme un miroir : s’il ou elle me désire, c’est que j’ai de la valeur.

Dans ce registre, les difficultés sexuelles peuvent toucher l’estime de soi en profondeur. Un manque de désir de la part du ou de la partenaire peut être perçu comme un rejet personnel, un signe que « je ne suis pas assez ».

Ces personnes peuvent également avoir une certaine rigidité par rapport à ce qu’elles pensent devoir être ou faire sexuellement. Elles peuvent se sentir coupées de leur spontanéité, animées par la performance, les attentes implicites ou les “bons scripts”.

La sexualité est ici une scène identitaire : elle sert à se prouver quelque chose, à soi ou à l’autre. Et parfois, cette quête d’approbation peut masquer une fragilité intérieure qui aurait besoin d’être accueillie autrement.

La direction corporelle : ressentir pour exister

Enfin, certaines personnes vivent la sexualité avant tout dans le registre du plaisir, du ressenti, de la présence au corps. Ce n’est pas qu’elles sont désengagées émotionnellement, mais leur moteur est sensoriel, ludique, vivant.

Pour ces profils, faire l’amour, c’est exister pleinement. Il y a souvent une curiosité naturelle, une envie d’explorer, une ouverture aux variations de rythme, de textures, de jeux… L’érotisme est assez indépendant du lien amoureux, même si l’amour peut renforcer l’intensité ressentie.

Lorsqu’il y a des difficultés sexuelles, ce sont souvent le vide, l’ennui ou une sensation d’extinction qui sont les plus douloureux. L’absence de stimulation ou d’intensité est alors vécue comme un appauvrissement de l’expérience existentielle.

L’inflexion anxieuse ou évitante : quand la sexualité devient menaçante

À ces trois directions s’ajoute parfois ce qu’on appelle une inflexion anxieuse ou évitante. Elle n’est pas une orientation à proprement parler, mais plutôt une fragilité qui vient colorer la façon de vivre le désir.

Certaines personnes ont une image de leur corps fragile ou imparfaite. D’autres ont connu des expériences traumatiques, des blessures, des relations intrusives ou déconnectées. Résultat : la sexualité devient source d’angoisse, voire de dégoût.

Ces personnes peuvent :

  • s’engager sexuellement par devoir ou par pression implicite, pour ne pas perdre l’autre ;
  • éviter la sexualité ou ne pas ressentir de désir spontané ;
  • dissocier pendant l’acte, comme si elles n’étaient pas vraiment là.

Ce n’est pas un manque d’amour ni un manque de volonté. C’est un mécanisme de protection. Et bien souvent, ces personnes ne demandent pas à “régler” leur sexualité, mais à retrouver un sentiment de sécurité qui leur permettrait peut-être, un jour, de reconnecter avec le plaisir ou le lien.

Ce que ça change de comprendre ces directions

Quand deux partenaires n’ont pas la même direction dominante, il est facile de se sentir incompris·e.

  • Pour l’un, l’absence de désir est perçue comme un éloignement affectif.
  • Pour l’autre, c’est juste un moment de fatigue ou de recentrage personnel.
  • Pour l’un, faire l’amour rassure.
  • Pour l’autre, il faut d’abord être rassuré·e pour avoir envie.

Comprendre cela permet d’éviter des interprétations douloureuses, comme « il ou elle ne m’aime plus », ou « je ne suis pas assez bien ». Cela permet aussi d’adapter les attentes, de nommer ses besoins avec plus de clarté et d’ouvrir un dialogue sur les langages du désir… sans jugement.

Conclusion

Il n’y a pas une bonne façon d’être sexuel·le. Il y a des sensibilités différentes, des besoins distincts et des parcours singuliers.
En prenant conscience de sa direction dominante et en comprenant celle de l’autre, on peut transformer bien des malentendus en points de rencontre.

Et surtout, on peut sortir de la pression de “la norme” pour revenir à ce qui fait sens pour soi, ici et maintenant.

 

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Je partage ces réflexions à titre éducatif, en tant que psychologue intéressée par les dynamiques relationnelles, sans me positionner comme spécialiste de la sexologie.
Si vous souhaitez explorer davantage vos schémas relationnels ou mieux comprendre ce qui influence votre intimité de couple, mes ateliers en ligne peuvent vous y accompagner.

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